Extraits :
Je ne me sens pas très bien ...
« Le monde de la santé est-il malade ? C’est une question que l’on est en droit de se poser, après les épisodes succulents du feuilleton Cahuzac – ce monsieur qui, en dehors de ses qualités d’expert en aventures financières, est d’abord un médecin qui passe allègrement de la chirurgie gastrique aux implants capillaires, avec un petit détour par le service des trusts pharmaceutiques et l’antichambre du ministère de la Santé – et les aventures de M. Servier et de ses médicaments qui, s’ils ne font pas maigrir sans risques, ont l’air de rapporter gros… […] Comment imaginer que dans un service qui s’appelle « urgences » vous puissiez rester serein quand on vous demande d’attendre votre tour, alors que vous constatez que vous êtes loin d’être le suivant et que le personnel est débordé ? Comment imaginer que les soignants et leurs collaborateurs, de plus en plus pressurisés, dont les effectifs diminuent régulièrement tandis que la demande s’accroît, puissent tenir le coup ? Voilà l’exemple type d’une situation ingérable, que l’on rencontre de plus en plus fréquemment et que les gouvernants ne régleront pas, arguant d’une gestion plus sérieuse de l’argent public pour nous amener à l’unique conclusion logique et sensée que seul le privé peut s’occuper de cela. »
Là, j’ai peut-être été imprudent !
« Le social, comme ils disent avec dédain niant ainsi le caractère universel de l’individu, n’est pas fait pour eux, mais pour des gens inférieurs, incapables de se prendre en charge et de se débrouiller tout seul. Ils ne peuvent comprendre que le social, c’est justement la maturité qui a conscience que nous sommes là pour vivre ensemble et que l’intelligence voudrait plutôt que nous créions les conditions qui permettraient à chacun d’avoir sa place, d’être reconnu et respecté de pouvoir vivre dignement et de désamorcer ainsi toute source de conflit. Ce qui se passe actuellement est à ce titre cruellement évocateur, avec le Code du travail qui vole en éclats, le démantèlement des services publics et la mise à mort de la Sécurité sociale. Même si chaque profession a ses particularités, la stratégie ou tout au moins l’axe stratégique est le même, adaptable justement à ces particularismes, et orienté vers une même finalité et le désir d’atteindre un objectif précis : rendre le pouvoir absolu à une poignée de profiteurs. »
Les profiteurs s'installent
« Ces fameuses conquêtes sociales ont fait la démonstration de ce que pouvait être une vie sereine, harmonieuse, où chacun avait sa place et était reconnu, où la misère commençait à être rangée dans le placard des mauvais souvenirs et éclairaient le visage de notre société en lui donnant les couleurs de l’humain. »